Conakry le 04 (AGP)-L’humanité célèbre chaque 03 décembre,  la journée internationale des personnes handicapées. Marginalisées et parfois même méprisées, environ un (1) milliard de personnes à travers le monde vivent avec un handicap selon l’ONU. Pour comprendre le quotidien des personnes vivant avec un handicap en Guinée,  nous sommes allés à la rencontre d’un jeune guinéen qui a perdu son bras  à l’âge de 7 ans.

Aboubacar Touré, actuellement membre de l’organisation de Secours aux Handicapés de Guinée (OSH-GUINÉE) et responsable de la cellule de communication de cette organisation, parle des difficultés rencontrées au quotidien mais aussi la lutte qu’ils mènent pour le respect de leurs droits :  « Je suis devenu handicapé à l’âge de 7 ans, après être tombé de la balustrade de notre terrasse, où je montais souvent pour regarder les trains minéraliers passer », dit-il avant d’exprimer sa fierté  en tant que personne vivant avec un handicap : « Je suis handicapé certes mais dans ma tête je vis bien  malgré que j’ai un bras amputé depuis mon enfance ».

Son combat ne se limite pas qu’aux personnes handicapées, il est aussi activiste pour les droits humains et lutte contre le viol en Guinée.

Pour ce jeune de 27 ans, le plus dur n’est pas d’avoir un handicap mais bien les stéréotypes qu’ils endurent dans une société presque dépourvue de tout respect des droits fondamentaux à leur égard.

Le monde du travail est l’un des endroits les plus fermés aux personnes handicapées. Selon l’organisation internationale du travail (OIT), 188 millions de personnes étaient au chômage avant l’arrivée du Covid-19 suivi des inégalités du monde du travail. Une réalité que Aboubacar Touré a vécue plus d’une fois :

« Mon handicap me ferme des portes surtout du côté de l’employabilité. Je  suis diplômé en secrétariat d’administration en 2015 et en gestion hôtelière en 2017 à Conakry.  Partout où je passe pour un entretien d’embauche,  les mêmes slogans me sont répétés en boucle, ‘’nous n’avons pas de travail pour vous ici’’ », se désole le jeune activiste.

Une situation qu’il a dû mal à comprendre et s’indigne, « on nous minimise, on nous considère comme des personnes inutiles, pourtant parmi nous il y a plein de talentueux. Il suffit de nous mettre à la tâche ».

Selon l’OIT, seuls 28 % des personnes lourdement handicapées bénéficient de prestations d’invalidité à l’échelle mondiale, et seul 1 % d’entre elles ont accès à ce type de prestations dans les pays à faible revenu comme la Guinée, où le SMIG est fixé à 440.000 GNF soit l’équivalent de 40 euros .

Ne voulant  pas baisser les bras, Aboubacar Touré a décidé de se tourner vers l’ONG guinéenne  ‘’Selfie Déchets’’, auprès de laquelle, il fait office de reporter d’images en attendant de trouver un appui matériel et financier pour réaliser une de ses passions “ l’infographie ».

Pour moi être handicapé, c’est être en premier lieu courageux et engagé. Mais le plus important aussi, c’est d’avoir la volonté de travailler avec les personnes valides ”

Il lance donc un appel à l’Etat et aux institutions pour qu’ils les viennent en aide pour le respect de leurs droits.

« Qu’ils fassent en sorte qu’on ne soit pas délaissés sur le marché de l’emploi, tout en éradiquant les discriminations de tout genre à notre égard dans le monde plus particulièrement en Guinée.

A travers nos lignes, Aboubacar Touré exhorte aussi les personnes souffrant d’handicap comme lui à « oublier la mendicité, ne pas baisser les bras, et à se montrer ouvert au monde”.

Pour rappel, la journée internationale des personnes handicapées a été instituée en 1992 par les Nations Unies.

AGP/04/12/023.                        AMC/AND