N’Zérékoré, 07 juin (AGP)- Après que le ministère de l’environnement et du développement durable ait interdit la coupe du bois sur toute l’étendue du territoire guinéen, certains acteurs de cette filière se disent surpris de la décision.
A N’zérékoré, nombreux sont ceux qui disent l’Etat n’a pas respecté la période promise pour l’exploitation de cette matière. Selon eux, l’exploitation devrait continuer jusqu’en fin Juillet.
C’est le cas de Kama Lamah, maitre scieur qui exerce le métier depuis plusieurs années.
« L’heure n’est pas arrivée ; ils ont annoncé tôt l’interdiction. Nous, on souffre. Quand on veut couper les bois pour faire du charbon, les gardes forestiers nous empêchent et c’est nos familles qui en souffrent. Il faut que l’Etat fasse de son mieux pour que les choses s’améliorent. On n’a pas un autre métier», se lamente Kama Lama.
De son côté, Daniel Camara, vendeur de bois au quartier Boma dans la commune urbaine de N’zérékoré, exprime son étonnement : « On ne comprend rien cette année. Ils nous ont promis de travailler pendant 7 mois dans une année. Mais l’année-là, on a travaillé seulement que 5 mois. Je ne sais pas si cela est dû au remaniement qu’a connu le gouvernement ou quoi ? L’Eta devait dans les conditions normales nous laisser le temps de transporter assez de stock de bois pour que les populations achètent à un bas prix.
Habituellement, j’envoie plus de 8.000 patins ici dans mon atelier avant l’interdiction de la coupe. Et quand je trouve plus de marchandises, le bois ne finit pas durant la période d’interdiction. Et en ce moment je peux vendre à un prix bas. Mais aujourd’hui, je serai obligé d’augmenter le prix pour pouvoir m’en sortir parce que le stock n’est pas assez.
Je demande donc à l’Eta d’organiser cette affaire de coupe. Si on doit travailler durant 7 mois, il faut que cela soit respecté. Je crois que cela nous aiderait à nous planifier dans la vente. C’est notre seule source de revenus ».
Cette période d’interdiction de coupe de bois ne laisse pas en marge les menuisiers. Selon eux, leurs clientèles ne supportent pas l’augmentions du prix des articles.
« Les vendeurs vont doubler le prix du bois qu’ils ont transporté en ville. C’est sur nous ça va se faire ressentir. Les clients vont arrêter de venir. Si ce qu’on payait à 5000 francs passe à 30.000, ça veut dire c’est devenu cher. C’est une souffrance pour nous parce que nous vivons de ce métier (famille, impôts…)
L’interdiction est bien pour nous tous mais aussi pour la génération future. Mais ce que je peux dire à l’Etat, c’est de respecter le temps demandé, cela peut nous arranger tous», lance Mathieu Loua.
Sur la question de savoir les raisons de cette interdiction ‘’précoce’’, les autorités régionales de l’environnement n’ont pas voulu se prêter aux questions de l’AGP.
AGP/07/06/024 MLK/CM/AND