Kindia; 21 janvier (AGP)-Théophile Kalivogui, un jeune diplômé en biologie, a choisi une voie peu courante pour un jeune Guinéen : l’agriculture. Titulaire d’une licence en biologie obtenue en 2022 à l’Université de Kindia, il a décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat agricole, une démarche qu’il considère comme un moyen de créer des emplois pour lui-même et pour les jeunes de sa communauté.
Installé dans la sous-préfecture de Damakania, Théophile exploite plus d’un demi-hectare de terre cultivable dans un bas-fond, où il cultive principalement des pigments, mais aussi des cultures maraîchères comme les tomates, les arachides et le piment.
« Au départ, nous avons commencé avec des cultures de maïs, car elles sont moins coûteuses en matière d’investissement. Aujourd’hui, nous avons diversifié nos cultures, et nous commençons à récolter les fruits de notre travail » raconte-t-il.
Mais cette réussite ne s’est pas faite sans difficultés. Comme il le précise, les premières années ont été marquées par de nombreux défis, notamment le manque de moyens financiers et la précarité des terrains agricoles. Théophile a dû louer des terrains, mais ces accords étaient souvent de courte durée, ce qui rendait difficile la planification à long terme.
« C’est un des aspects les plus frustrants du système agricole ici, vous pouvez louer un terrain, y travailler pendant quelques mois, et à tout moment, on peut vous le retirer », explique-t-il.
Malgré ces obstacles, il persévère et met l’accent sur l’investissement dans son activité agricole.
« Tout ce que nous avons accompli jusqu’à présent, c’est grâce à nos propres efforts », souligne-t-il.
En effet, Théophile et sa famille ont dû recourir à des emplois temporaires pour économiser et financer leur projet agricole. Mais aujourd’hui, cette entreprise modeste commence à porter ses fruits, notamment avec la culture du piment, qui s’avère rentable.
« Si la récolte est bonne, nous pouvons produire jusqu’à cinq sacs de piment par semaine, et chaque sac peut être vendu entre 400 000 et 800 000 francs guinéens », précise-t-il.
Les revenus générés par l’agriculture permettent à Théophile de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, bien que l’entrepreneuriat agricole reste une activité exigeante et souvent incertaine.
« Ce n’est pas facile, mais nous faisons de notre mieux pour avancer. Nous espérons que notre exemple encouragera d’autres jeunes à se lancer dans l’agro-business », affirme-t-il.
Théophile ne cache pas son désir de créer une entreprise familiale à l’image de celles qu’il a observées à l’étranger, où de nombreux jeunes Guinéens peuvent trouver un emploi.
« Nous, jeunes Guinéens, devons créer nos propres entreprises ici. Il est important de prendre des initiatives et de ne pas attendre que l’État nous offre un emploi », dit-il.
Pour lui, l’entrepreneuriat est la voie la plus sûre pour sortir de la précarité et participer activement à la création d’emplois pour d’autres jeunes.
« Les jeunes doivent comprendre qu’il n’y a pas de travail à attendre des autres. Si nous ne créons pas notre propre emploi, personne ne le fera pour nous », a-t-il lancé.
Théophile incite ainsi ses pairs à investir dans des projets agricoles ou autres, soulignant l’importance de la créativité et de la gestion d’entreprise dans la réussite professionnelle.
En dépit des nombreux défis, Théophile Kalivogui incarne l’esprit d’entrepreneuriat qui commence à se répandre parmi les jeunes de Kindia. Avec persévérance et détermination, il espère transformer son petit champ en un modèle de réussite et d’autonomie, tout en contribuant à la création d’emplois pour les jeunes de sa communauté.
AGP/21/01/025 TS/AND