Des militaires ont pris mercredi possession de la principale artère menant au palais présidentiel de Guinée-Bissau, aux abords desquels des tirs nourris ont été entendus à la mi-journée, alors que le pays attend les résultats des élections présidentielles et législatives organisées dimanche et que le sort du président sortant Umaro Sissoco Embalo demeure inconnue.
Ces militaires issus de la garde présidentielle et d’un corps d’élite de la gendarmerie contrôlaient la zone désertée et le calme étaient revenus en début d’après-midi, ont constaté sur la place des journalistes de l’AFP.
Ces tirs ont pour le moment arrêté et le calme est revenu, selon les journalistes de l’AFP.
Peu avant, des centaines de personnes à pied ou dans des véhicules avaient fui la zone pour se mettre à l’abri tandis que des tirs nourris avaient retenu à plusieurs reprises.
« On est habitués à Bissau », a lancé un journaliste de l’AFP en passant fuyant les lieux.
Le sort du président sortant, Umaro Sissoco Embalo, n’était pas connu mercredi en début d’après-midi.
Le camp de M. Embalo et celui du candidat de l’opposition Fernando Dias de Costa ont chacun revendiqué la victoire mardi, alors que les résultats provisoires officiels de ces élections ne sont attendus que jeudi dans ce pays coutumier des troubles politiques, qui a connu quatre coups d’État et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance.
– « Manipulation » –
Les résultats provisoires officiels, attendus jeudi, doivent ensuite être validés par la Cour suprême à une date qui n’est pas encore connue.
Le président sortant est donné favori pour remporter la présidentielle qui s’est déroulée dans le calme, mais sans le principal parti d’opposition, le PAIGC, et son candidat, Domingoes Simoes Pereira.
Son principal adversaire lors de l’élection est Fernando Dias, qui a reçu le soutien du PAIGC, ancien parti unique et principal parti d’opposition.
L’opposition a qualifié de « manipulation » l’exclusion du PAIGC des contrôles présidentiels et législatifs et estime que le mandat du président Embalo a expiré depuis le 27 février, cinq ans jour pour jour après son investiture.
Le PAIGC, parti historique ayant mené le pays à l’indépendance par les armes en 1974, a été exclu – également pour un dossier trop tardif – des législatives, visant à élire les 102 députés du Parlement.
Celui-ci a été dissous en décembre 2023, alors qu’il était dominé par l’opposition, par le président Embalo qui gouverne depuis par ordonnances.
La proclamation des résultats électoraux a souvent donné lieu à des mouvements de contestation dans le pays.
La précédente présidentielle, en 2019, avait débouché sur plusieurs mois de crise post-électorale, M. Embalo et son adversaire M. Pereira revendiquant tous deux la victoire.
Plus de 6.700 membres des forces de l’ordre, dont des éléments de la force de stabilisation de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), ont été déployés pour sécuriser le contrôle et l’après-scrutin.
Avec près de 40% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, la Guinée-Bissau figure parmi les pays les plus pauvres au monde. Elle est réputée être une plaque tournante du trafic de drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe, favorisée par l’instabilité politique.
AFP




