Les autorités algériennes ont arrêté deux journalistes pour avoir publié une vidéo montrant des femmes d’affaires protestant contre la manière dont elles ont été traitées lors d’un événement organisé par le gouvernement.
Depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdelmadjid Tebboune il y a quatre ans, les journalistes algériens sont confrontés à une répression croissante, avec des risques de longues peines d’emprisonnement sur la base d’accusations peu convaincantes, selon les experts. De nombreux organes de presse ont également fermé leurs portes en raison de l’augmentation des frais de justice.
Sofiane Ghirous et Ferhat Omar, du site d’information « Algerie Scoop », ont été placés en détention la semaine dernière pour avoir diffusé des documents qui, selon les autorités, « constituaient une incitation et un discours de haine », selon un communiqué du Comité national pour la libération des détenus, un groupe de surveillance local, publié samedi.
Dans la vidéo, des fondatrices de start-up accusent le gouvernement de les « humilier » et de les traiter avec « mépris » lors d’un événement sur l’innovation organisé par le ministère de l’Education et de la formation professionnelle.
Sofiane Ghirous est le rédacteur en chef d’Algerie Scoop – accrédité par le gouvernement en 2021 – et Ferhat Omar est le directeur du site web.
Le groupe de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières a récemment rétrogradé l’Algérie dans son classement de la liberté d’expression, la plaçant à la 139e place sur 180 en 2024, tout en dénonçant les « pressions exercées sur les médias indépendants et les menaces d’arrestation à l’encontre des journalistes ».
En juin, le site d’information populaire Radio M a annoncé qu’il cesserait de paraître en raison de « conditions impossibles », alors que son rédacteur en chef, Ihsane El Kadi, purge une peine de cinq ans de prison pour des accusations selon lesquelles son entreprise de médias aurait accepté des fonds étrangers pour ses reportages, qui étaient souvent critiques à l’égard du gouvernement.
Par ailleurs, au cours du week-end, les autorités ont fait irruption dans la librairie Gouraya de la ville de Bejaia, à près de 240 km à l’est de la capitale, pour empêcher la vente de « Kabylie partagée », où une séance de dédicace était prévue pour l’auteur français, Dominique Martre. Ils ont brièvement arrêté Martre, l’éditeur algérien et plusieurs autres personnes, dont des journalistes et des militants.
Dans son livre, Dominique Martre raconte son expérience d’enseignante de français dans la région montagneuse de Kabylie dans les années 1970.
Les personnes arrêtées ont été relâchées plus tard dans la soirée, a déclaré à l’Associated Press l’avocat Mokrane Ait Labri, dont le frère journaliste figurait parmi les personnes arrêtées. La répression de la liberté d’expression intervient alors que l’Algérie se prépare à des élections en septembre. M. Tebboune briguera probablement un second mandat présidentiel.
AGP/01/07/024 africanews