spot_img
spot_img
spot_img
AccueilActualitéSocieteConakry: ‘’En Guinée, 2025 sera bien l’année du retour à l’ordre constitutionnel’’,...

Conakry: ‘’En Guinée, 2025 sera bien l’année du retour à l’ordre constitutionnel’’, dixit le premier ministre

Publié le

spot_img
Drame de Nzérékoré, échéances électorales, suspension de partis d’opposition… À l’occasion du premier anniversaire de sa nomination, le chef du gouvernement guinéen a accordé un entretien à Jeune Afrique.
Le 18 mars, rendez-vous est pris à 8 heures. Mais il ne commencera qu’à 11 heures et ne devra durer qu’une dizaine de minutes, précise le conseiller en communication du Premier ministre, Amadou Oury Bah (dit Bah Oury). Et pour cause, c’est le jour du conseil interministériel. Premier à arriver à la primature, le ministre de l’Information et de la Communication Fana Soumah assiste, comme certains membres du cabinet, à l’entretien qui durera finalement très exactement trente-sept minutes.
Un temps âprement négocié, durant lequel le chef du gouvernement, en poste depuis le 27 février 2024, a fait un tour d’horizon des principaux sujets qui ont jalonné ces douze derniers mois : relogement des sinistrés de l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum ; état des enquêtes sur les morts lors d’un tournoi de soutien à Mamadi Doumbouya, le 1er décembre 2024 à Nzérékoré ; fermeture de médias privés ; dialogue politique…
En fin politicien, Bah Oury a répondu à toutes nos questions, parfois de manière très directe, souvent avec philosophie. Sur l’épineuse question du retour à l’ordre constitutionnel, le Premier ministre a répété avec insistance qu’il interviendra cette année. Quitte à revoir la méthodologie qui consistait à réaliser le Programme national du recensement administratif à vocation d’état-civil (PN-Ravec) pour en extraire le fichier électoral. Une solution qui « s’est avérée inopérante ». Interview exclusive.
Jeune Afrique : Vous avez été nommé Premier ministre dans un contexte sociopolitico-économique difficile. En douze mois, qu’avez-vous précisément fait ?
Amadou Oury Bah : Le bilan que j’en dresse peut ne pas être celui d’un observateur averti comme vous. Le pays était dans une situation particulièrement difficile, en raison de l’explosion du dépôt de carburant, avec ses conséquences économiques et sociales, et d’une exacerbation politique intense.
Mais la résilience des Guinéens et la dynamique instaurée par le président de la République et le nouveau gouvernement ont permis de redresser la barre, d’avoir ce climat relativement serein que nous apprécions à sa juste valeur. Certes, il y a encore du travail. Nous voulons faire en sorte que la Guinée, à moyen terme, sorte définitivement des crises structurelles qui l’ont marquée pendant des décennies.
Où en est l’indemnisation des victimes de l’explosion ?
La question a été réglée depuis longtemps, mais certains ont insisté sur cette question comme si rien n’avait été fait. Leur fonds de commerce est de continuer à surfer dessus. Or, beaucoup de mesures ont été prises. Nous avons affecté des ressources à toutes les victimes pour leur permettre de se loger pendant au moins deux ans.
Dans les prochains jours, nous nous engagerons dans l’accompagnement des populations de Coronthie pour les négociations avec les promoteurs immobiliers ou l’État, pour la mise en place d’un système de bail partagé. Cela leur permettra de conserver leurs propriétés, tout en ayant des revenus.
Cette option avait été désapprouvée, elle n’est donc pas abandonnée ?
Il faut laisser le temps au temps et continuer à œuvrer dans l’intérêt des populations. Il s’agit de la meilleure voie pour leur permettre de conserver leur patrimoine, en le partageant avec d’autres qui vont investir pour transformer la zone avec des logements locatifs ou des bureaux. Cela aidera les familles à sortir de la précarité et d’avoir des revenus substantiels.
L’autre drame, c’est celui du 1er décembre, à Nzérékoré. Un rapport a été établi mais il n’a pas encore été publié et est déjà critiqué par les avocats des victimes au motif que les enquêteurs n’auraient pas rencontré les familles…
La publication du rapport, c’est une affaire de semaines. Ce n’est pas simplement sa parution qu’il faut voir, mais les mesures d’accompagnement déjà décidées pour les familles des victimes, en guise de réparation ou de compensation.
Le problème, c’est cette mentalité qui veut que le responsable en cas de problème soit toujours l’État. Nous sommes tous responsables. L’État, c’est nous tous.
C’est une tragédie qui n’était pas orchestrée. Un faisceau de faits a contribué à ce désastre humain. Certains veulent tout voir sous le prisme du sensationnel. Au lieu de ressouder le tissu social, ils provoquent des réflexes de crise et de peur susceptibles de déstabiliser les âmes fragiles. Le rapport montrera que ceux qui se targuent d’être plus royalistes que le roi font fausse route.
La justice sera-t-elle rendue ?
Le rapport d’enquête administrative a été réalisé par des hommes et des femmes issus de la société civile qui, depuis très longtemps, œuvrent pour la réconciliation nationale et la paix. Lorsqu’il sera publié, aux uns et aux autres de décider s’il y a une enquête ou une procédure judiciaire à engager.
Mais un tel drame peut-il rester impuni ?
La mauvaise gouvernance du pays opérée durant de longues années est l’un des facteurs qui a pu l’occasionner. Et on parle d’un stade qui aurait dû être construit depuis très longtemps, qui a obtenu des financements à maintes reprises, sans jamais être achevé pour une ville aussi importante…
Si on veut aller jusqu’au bout des choses, beaucoup de personnes, même dix ou quinze ans après, peuvent se dire au fond d’eux qu’ils ont une part de responsabilité dans ce drame.
Un stade qu’on a tout de même rempli sans tenir compte de sa capacité d’accueil…
La culture de la mauvaise gouvernance amène à une déresponsabilisation collective. Des structures ou des personnes censées prendre des décisions à un moment donné, par laxisme, ignorance ou habitude ne font rien. Je vous donne un exemple : regardez la circulation dans notre pays.
Vous avez déjà huit, neuf personnes entassées dans un véhicule de transport en commun et des personnes montent sur le capot, dans l’indifférence générale. S’il y a un problème, vous-même pourriez avoir une responsabilité passive d’une situation qui peut toucher les autres. Les motos-taxis font chaque jour des morts, des amputés. La société observe, laxiste. Quatre enfants sur une moto avec le conducteur : dans une société plus alerte, on dirait non.
Cela devrait surtout interpeller l’État, le gouvernement.
Pas seulement… C’est cela le problème, cette mentalité qui veut toujours que ce soit l’État. Vous pouvez être responsable par défaut d’une situation dont vous êtes témoin. Nous sommes tous responsables. L’État, c’est nous tous.
Le processus du dialogue est en marche. Nous sommes en train de mener de vraies discussions pour permettre à des personnes ne partageant pas les mêmes points de vue de se rencontrer et d’échanger.
Même les organisations de défense des droits humains imputent tout à l’État. La presse, par exemple, alimentée par des personnes qui ont amassé des fortunes, l’utilise pour déstabiliser son propre pays. Vous allez me dire qu’encore une fois, c’est l’État qui a laissé faire. Il faut accepter d’ouvrir son mindset, de réaliser que les paramètres sur lesquels nous nous basions sont obsolètes. Nous devons accepter de nous remettre en question pour être en phase avec les intérêts du moment.
Lors de votre nomination, en février 2024, le dialogue politique était dans l’impasse. Aujourd’hui, vous dites qu’il se traduit par vos rencontres avec vos prédécesseurs ou par les tournées gouvernementales dans le pays. Seulement, cela ne décrispe pas le climat et on vous accuse de battre campagne pour la candidature du président Doumbouya.
Une société apaisée est en permanence dans une logique de dialogue. Et aujourd’hui, malgré les difficultés qu’on peut noter çà et là, la Guinée est relativement apaisée.
Or certains, par égocentrisme, considèrent que tant qu’il ne s’agit pas d’eux, rien n’existe. Le processus du dialogue est en marche. Et nous allons progressivement le restructurer et lui donner un contenu différent, sans faux-semblant. Nous sommes en train de mener de vraies discussions pour permettre à des personnes ne partageant pas les mêmes points de vue de se rencontrer et d’échanger.
C’est cette culture du dialogue qu’il faut instaurer pour permettre une évolution en douceur du pays, sans qu’il y ait de manière récurrente des stop and go afin de tout digérer sans trop de heurts.
Cela impliquerait-il aussi de rencontrer vos adversaires politiques, même les plus irréductibles ?
Qui sont mes adversaires politiques ?
Les opposants en exil, à savoir Sidya Touré, Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo…
Mais ils ne sont pas là.
Leurs représentants le sont.
Mais ils sont régulièrement invités. Certains d’entre eux viennent.
Ceux qui s’apprêtent à vous rejoindre ?
Je suis en contact avec tout le monde, aussi bien avec les éléments de l’UFDG qu’avec ceux du RPG et de l’UFR. Je n’ai pas besoin de citer leurs noms. L’esprit du dialogue, c’est une construction dans le temps.
Ce n’est pas juste quand j’ai besoin de voir quelqu’un que je l’appelle. C’est cela l’anticipation : respecter chacun dans ses convictions, lui tendre de manière permanente la main. Quand ce sera le moment, ils viendront. Beaucoup d’entre eux ont compris.
Ce n’est pas un achat de conscience, c’est l’évolution normale de la société, une remise en question progressive des uns et des autres qui leur permet de se dire qu’il est grand temps de changer de manière de faire, de s’arrimer aux intérêts du pays et de participer à la grande aventure pour l’émergence de la Guinée. Et c’est cela qui est en train d’être mis en œuvre. La Guinée est en train de changer.
2025 est déclarée année électorale. Où en est le processus de recensement ?
C’est en cours.
Il est suspendu depuis février pour des raisons techniques nous dit-on…
Les manifestations, qui consistent à créer des troubles, n’est qu’un aspect superficiel de la démocratie.
Il est en pause. Il y a beaucoup de choses en jeu. Construire le fichier électoral devient plus urgent. La méthodologie qui consistait à réaliser le PN-Ravec jusqu’au bout et à extraire le fichier électoral s’est avérée inopérante. D’où des nouveaux mécanismes et un changement de système pour que, parallèlement, on procède au recensement électoral.
L’idée est d’avoir, dans un laps de temps raisonnable, un fichier électoral représentatif de la population en âge de voter. Les deux vont ensemble. La construction du fichier électoral est un élément du PN-Ravec.
On a du mal à bien comprendre comment cela va fonctionner…
Vous ne pouvez pas comprendre. Concrètement, on est en train de travailler pour le PN-Ravec et en même temps pour le fichier électoral, qui s’appuie sur les mécanismes et les techniques du premier. Le fichier électoral est un sous-ensemble du fichier d’état-civil.

Et cela, dans l’optique d’aller aux élections cette année ?

C’est une priorité du chef de l’État. Le ministère de l’Administration du territoire est suffisamment informé de l’indispensable nécessité de tout mettre en œuvre pour que les délais soient respectés. L’année 2025 sera une année électorale permettant l’organisation du référendum constitutionnel, et des élections présidentielle et législatives pour le retour à l’ordre constitutionnel.
À ce sujet, on a entendu deux sons de cloche.
Si vous écoutez tout le monde…
Le porte-parole du gouvernement est une voix officielle…
Les voix officielles qui ne se concertent pas et qui ne vont pas à la source font aussi partie des tares de la société guinéenne.
L’autre annonce, lors de l’adresse à la nation du président de la transition le 31 décembre dernier, fut la reprise des activités politiques. Or, jusque-là, seuls les partisans du pouvoir sont autorisés à manifester.
Depuis quatre jours, les 76 partis qui ont eu leur certificat de conformité avec tous les critères établis par le ministère de tutelle sur le plan administratif ont la possibilité de mener leurs activités sur l’ensemble du territoire national, sans restriction, dans le respect des règles, des principes et des lois.
Y compris manifester pacifiquement ?
La question de la manifestation pacifique vous obsède.
Elle est prévue par la loi.
C’est tout à fait normal. Mais la question fondamentale de la démocratie, vous la laissez de côté pour vous intéresser à un aspect superficiel : les manifestations, qui consistent à créer des troubles.
L’opposition pourra-t-elle manifester comme les partisans du pouvoir ?
L’essentiel est que tout soit conforme aux lois de la République. Que l’on soit partisan ou opposant, appeler à une manifestation sans garantir les conditions minimales de sécurité des participants n’est pas autorisé. C’est ce qu’il s’est passé à Nzérékoré.
Que pensez-vous de l’évaluation des partis politiques ?
C’est une bonne chose. Il faut qu’on revienne à un État structuré, normalisé. Il faut amener les partis à se conformer à la loi.
Faut-il aujourd’hui faire le deuil des médias qui ont été fermés ?
Il faut laisser le temps juger cette affaire.
Cela fait déjà un an que ça dure…
Laissons les choses se faire. Le processus de changement n’est pas aussi rapide dans tous les esprits. Il faut que les gens mûrissent, changent. C’est en train d’être fait, oui ou non ? Il y a de nouveaux médias qui émergent. Tout ce qui ne s’adapte pas disparaît, a dit Darwin.
Enfin, quelle est d’après vous la plus grande réussite du général Doumbouya ?
La transformation économique en cours, le projet Simandou avec la ligne de chemin de fer, c’est exceptionnel. Le procès du massacre du 28-Septembre est aussi historique. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Cette dynamique de rassemblement du peuple guinéen dans une vision unitaire et réconciliée est une excellente chose.
Vous avez évoqué la tragédie de Nzérékoré. Il y a des blessés qui ont été évacués à l’étranger qui sont revenus, par nos propres moyens. Leurs avocats n’en parlent même pas. C’est pour dire qu’il y a un changement de l’approche politique globale, une volonté réelle de changer. Il y a des luttes contraires, mais l’objectif est que le bien l’emporte sur toute autre considération.
Source: jeuneafrique

Articles récents

Siguiri/PN-RAVEC : Le ministre Ibrahima Kalil Condé sensibilise la population sur l’importance du recensement biométrique

Siguiri, 30 avr. (AGP)- (AGP)- Dans le cadre de la mise en œuvre du...

Guinée/Pèlerinage à Boffa: Le gouvernement met 11 bus à la disposition des fidèles chrétiens

      Conakry, 30 avr. (AGP)- Dans le cadre de l’accompagnement des fidèles chrétiens pour leur...

Guinée: Le Président Mamadi Doumbouya attendu ce vendredi à Kigali et Libreville

Conakry, 30 Avril (AGP)- Le président de la République, Général Mamadi Doumbouya, prendra part...

Guinée: Vivo Energy récompense ses clients à travers sa grande PROMO TABASKI 2025

  Conakry 30 avril (AGP)- A la faveur d’un point de presse, animé ce mercredi,...