Conakry, 13 septembre (AGP)- Le dépotoir de Dar-es-Salam, situé dans la commune urbaine de Gbessia (Conakry), est connu pour être l’un des plus grands sites d’ordures de la capitale guinéenne. Sa situation géographique et sanitaire a suscité de nombreuses critiques en raison des nuisances qu’il engendre.
En saison sèche, la fumée provoque des maladies pulmonaires chez certains riverains, tandis qu’en saison pluvieuse, les odeurs et les mouches ajoutent à leur désagrément. Malgré ces conditions précaires, certains habitants voient dans ce dépotoir une opportunité économique, notamment à travers le recyclage des déchets plastiques.
Ce jeudi, notre rédaction s’est rendue sur place pour découvrir le quotidien des femmes qui transforment les déchets plastiques en marchandises commercialisables, ainsi que les acheteurs qui s’approvisionnent auprès d’elles.
À notre arrivée, nous avons été accueillis par une atmosphère difficile : mouches, odeurs nauséabondes et eaux sales étaient omniprésents, ce qui est le quotidien des travailleuses sur ce site.
Mafoudia Sylla, vendeuse de plastiques recyclés, nous a expliqué les rouages de son activité. Selon elle, le processus commence par l’achat de plastiques – tels que des bidons, sachets d’eau minérale et anciennes chaussures, ramassés dans les poubelles, caniveaux, et autres lieux de dépôt de déchets. Ces plastiques sont nettoyés minutieusement pour éliminer toute saleté, car les acheteurs recherchent uniquement des marchandises propres. Ensuite, les plastiques sont triés, emballés et pesés avant la vente.
« Je fais mon business ici et cela me permet de nourrir ma famille depuis longtemps. Nous achetons les plastiques usés, les nettoyer, les trier pour les vendons à des prix variant entre 1000 et 1500 francs par kilogramme, selon le type de plastique. Après, nous les transportons à l’usine pour les revendre directement, » explique-t-elle.
Parlant des défis auxquels elle fait face, Mafoudia Sylla déplore les conditions de travail difficiles. Elle souligne que les bénéfices ne compensent pas toujours les efforts fournis et les risques de maladies dus à l’environnement insalubre.
« Les difficultés sont plus nombreuses que les avantages. Nous travaillons dans des conditions de saleté, et chaque fois que je tombe malade, je dépense plus que ce que j’ai gagné. Nous avons des difficultés à nous procurer les matériaux nécessaires et le traitement de ces plastiques est très laborieux. Si l’État pouvait nous venir en aide, cela améliorerait considérablement notre situation. Actuellement, je suis la seule à subvenir aux besoins de ma famille de neuf (9) personnes, mon mari étant sans emploi, » déplore-t-elle.
Nous avons également rencontré Fatou Touré, cheffe d’une entreprise de valorisation des déchets plastiques. Elle explique comment son entreprise collabore avec ces femmes pour obtenir des « matières premières ».
« Nous sommes spécialisés dans la valorisation des déchets plastiques. Nous sensibilisons la population à trier leurs déchets et nous collectons les plastiques valorisables pour les traiter dans notre centre. Nous nettoyons, compactons et préparons ces plastiques pour les usines, » précise-t-elle.
Fatou Touré ajoute : « Nous achetons les plastiques directement auprès des femmes qui les trient et les nettoient. Nous négocions les prix avec elles, en tenant compte de leur travail manuel considérable. Nous travaillons à améliorer ce secteur informel pour qu’il devienne plus structuré et que les conditions de travail des femmes puissent être améliorées », a-t-elle souligné.
Le recyclage des déchets plastiques à Dar-es-salam est un exemple poignant de la manière dont l’économie informelle peut offrir des solutions malgré des conditions de travail précaires.
AGP/13/09/024 TAK/AND