Conakry, 12 Déc (AGP)-L’économie guinéenne durant année 2023 a été résiliente malgré les chocs endogènes et exogènes. Cette résilience se traduit par le dynamisme des secteurs de développement qui apportent beaucoup en termes de revenus à l’Etat Ce qui ressort des conclusions du comité technique de la politique monétaire de la banque centrale de la République de Guinée (BCRG).
Selon ce rapport, l’activité économique s’est traduite par l’accélération de la croissance du produit intérieur brut (PIB) tiré par la hausse de la production de la bauxite et de l’électricité. Le volume de la production de la bauxite du premier trimestre 2023 se situe à 29 millions 989 706 tonnes avec une exportation totale de 30 millions 432 952 tonnes. Une augmentation de 20 pour cent de la production et 34 pour cent de l’exportation par rapport à l’année dernière.
Ce résultat encourageant ne reflète pas le pouvoir d’achat du Guinéen. Voilà pourquoi le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya disait : « En dépit du boom minier du secteur bauxitique, force est de constater que les revenus attendus sont en deçà des attentes. »
Devant une telle réalité, la redistribution de la richesse de manière équitable peine tout de même à se concrétiser. La conjoncture malgré des efforts entrepris par les autorités dans le cadre de l’harmonisation de l’indice national des prix à la consommation est là. Ce qui affecte sérieusement le pouvoir d’achat des Guinéens.
Ce qu’il faut surtout retenir pour cette année, il y a eu un effet de base défavorable pour l’économie nationale. Autrement dit, tous les indicateurs macroéconomiques ne sont pas au vert. Le flux de l’inflation observé se poursuit. Elle était à 4,8 en septembre dernier, elle peut s’établir à 7 pour cent fin décembre. Fin juin 2023, le marché de change s’est apprécié de 1,5 pour cent par rapport à 2022. La croissance, elle, s’établit autour de 5 pour cent.
De ce constat, l’accès au crédit des PME pose de véritables problèmes au niveau des banques. D’où l’invite des opérateurs économiques en prélude du forum sur l’investissement en Guinée prévu début mars 2024. Il n’y a pas à perdre de vue une baisse du volume des impôts. Sur cet aspect, le ministre des finances dira lors de la plénière du conseil national de la transition (CNT) le 19 septembre dernier que cette réalité est due à l’exonération des prix des denrées de première nécessité qui impactent les recettes douanières sans oublier la baisse du volume des exportations.
Justement durant l’année, la variation sur 12 mois sur l’indice des prix à la consommation ressort à 6 pour cent en juillet. Le rapport mensuel de l’institut national des statistiques annonçait qu’en variation mensuelle, le niveau général des prix à la consommation en octobre 2023 a enregistré une hausse de 0,1 %, consécutive aux progressions des prix enregistrés à Conakry (+0,4 %). Dans le même document, il est indiqué que sous l’angle des fonctions de consommation, la hausse des prix à la consommation observée en octobre 2023 est liée principalement à la fonction « alimentation et boisson non alcoolisées (+0,1 %) ».
L’Etat tente quand même de mettre en place des alternatives c’est-à-dire des réformes qui s’étendent au niveau de la revue annuelle des contrats de performances signés par les unités de gestion des investissements publics. Cette activité majeure est une composante clé de la feuille de route du ministère de l’économie et des finances, de la Banque africaine de développement, la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement. Ces efforts allant dans le sens du développement de la nation sont annihilés au grand dam des citoyens par des aspects défavorables : la corruption, ce phénomène touche certains appareils étatiques nonobstant la mise en place des instruments de lutte.
De nombreux cadres sont accusés de détournement des deniers publics. Au département de la santé, Dr Mamadou Péthé Diallo a été démis de ses fonctions parce qu’il lui est reproché d’enrichissement illicite et de concussion. C’est un scandale aux yeux de l’opinion. Cette accusation lui a valu une longue audition avant d’être inculpé à la cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). L’ancien ministre de la santé aurait usé de sa fonction dans le cadre de l’exécution de la convention entre l’Etat guinéen et la société ZMC signée en 2015 et autres à des exonérations.
Face à ce triste constat, l’agence guinéenne pour la transparence (AGT) dans son rapport produit cette année révèle le manque d’accompagnement de la part de l’Etat aux acteurs de la société civile, la rareté des institutions internationales travaillant dans le domaine de la promotion de la bonne gouvernance et la méconnaissance des outils mis en place pour empêcher ou minimiser le transfert du produit du crime ou lutter farouchement contre la corruption.
Le même support reconnait quand même la création du comité de coordination de la lutte contre le blanchiment de capitaux par le Président de la transition démontrant l’existence d’une volonté politique et l’implication de la société civile dans les instances de prise de décision.
AGP / 12/12/023 JB/AND