Guinée, 11 oct. (AGP)- Mademoiselle Sayon Cissé est une fille pas comme les autres de sa tranche d’âge. Elle lie le courage à la bravoure pour se lancer dans la réparation des pneus au grand carrefour de la préfecture de Dabola non loin d’une station d’essence.
Sayon Cissé, âgée de 20 ans, dit qu’elle a commencé à pratiquer ce métier depuis à base âge avec son feu père, Sékouba Cissé. Vendre et réparer les pneus est une passion pour elle. Une détermination sans limite pour subvenir non seulement à ses besoins mais aussi à ceux de sa famille dans la mesure du possible.
Rencontrée dans son atelier le 09 septembre dernier , alors qu’elle reparait l’un des pneus d’un usager en partance pour Kankan en haute Guinée, mademoiselle Cissé n’a pas hésité de dire au micro de l’Agence Guinéenne de Presse (AGP), que ce métier est une façon pour elle de se rendre utile dans la société où chaque être humain est appelé à jouer sa partition pour le bien être des uns et des autres.
« Tous les usagers qui passent par-là, repartent satisfaits du travail de mon équipe. Je suis la cheffe d’atelier. En ma présence ou mon absence, je fais en sorte que tout se passe bien. Le travail est bien organisé. Et mes quatre (04) apprentis, tous garçons, sont aujourd’hui plus déterminés que moi. Donc c’est une fierté pour moi entant que fille d’être première responsable d’une telle prestation au service des autres.», a fait savoir Sayon Cissé.
Elle indique que les frais de réparation des pneus varient entre 10.000GNF et 20.000GNF. Et quant à l’air, il est vendu à 2.000GNF par pneu. Par jour, le revenu moyen s’élève à 130.000 GNF. Un revenu, selon elle, qui lui permet de payer la dépense à la maison et de s’occuper des frais de scolarité de trois de ses jeunes frères.
Mademoiselle Sayon Cissé n’a pas poussé les études. Elle s’est limitée en 4ème année du primaire. Mais son courage lui a donné la chance d’apprendre aux côtés de son père qui, aussitôt, a cru en elle vu son amour pour ce métier de pneumaticien. Et comme cela présageait déjà, c’est bien, Sayon qui viendrait s’occuper de l’atelier de son père depuis le décès de ce dernier il y a trois (03) ans.
Bon an mal an, l’atelier version Sayon Cissé travaille en plein temps. Mais pas sans problèmes ou difficultés inhérentes à la pratique du métier. Selon elle, les difficultés sont liées au manque d’outils de travail, notamment la colle, la machine de gonflage à air et le contrôleur qui ne peuvent être obtenus qu’à Conakry situé à plus de 420km de Dabola, sans oublier le manque d’un endroit spacieux où elle et ses apprentis peuvent travailler en toute liberté. A ces difficultés, s’ajoute le comportement inapproprié de certains usagers qui viennent prendre des pneus à crédit sans pouvoir rembourser.
La courageuse pneumaticienne dit que malgré toutes ces difficultés, elle fait de son mieux entant que fille pour être à l’abri du besoin. C’est pourquoi elle lance un appel au gouvernement à travers le ministère de la promotion féminine et aux personnes de bonne volonté, de lui venir en aide afin d’accroître son champs d’action et d’encourager d’autres jeunes filles et garçons à faire comme elle ou mieux qu’elle.
A ses camarades, elle leur demande de s’armer du courage, de prendre leur destin en main et ne compter que sur soi pour les besoins vitaux. « On peut ne pas avoir la chance de pousser les études comme mon cas, ou de ne pas du tout faire le banc comme d’autres. Mais quand on a un métier qui nous permet de gagner le franc symbolique par jour, c’est une assurance et un véritable espoir pour sa personne et celles qu’on a en charge », a-t-elle conseillé.
AGP/11/10/022 CM/AND