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« Ils nous ont tabassés et dépouillés »: le calvaire des migrants expulsés de Mauritanie

Publié le

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La scène continue de hanter le sommeil d’Ismaïla Bangoura : cette nuit-là, alors que le jeune Guinéen et ses compatriotes sont en train de dormir, des policiers mauritaniens font irruption dans leur logement à Nouakchott et les passent à tabac, avant de les conduire manu militari au poste de police.

Ismaïla, 25 ans, venu en Mauritanie en 2024 pour gagner sa vie, est ensuite expulsé avec ses
camarades au Sénégal voisin après trois jours de détention sans pouvoir manger ni avoir
accès à des toilettes, raconte ce menuisier de formation.

« Ils nous ont tabassés et amenés en prison sans rien nous dire » et « pris tout ce qu’on
possédait : argent, montres, téléphones », accuse Ismaïla, vêtu d’un maillot de l’équipe
nationale de foot de Guinée assorti à un short noir, les « seuls habits qui lui restent ».

« Ils nous ont (ensuite) menottés et nous ont mis dans des bus surchargés pour nous expulser comme des vauriens », raconte-t-il.

Le groupe d’hommes erre depuis dans les rues de Rosso dans le nord sénégalais, sans
destination précise et aucune connaissance dans cette localité reculée du pays.

Depuis plusieurs semaines, la Mauritanie mène une campagne d’expulsions de migrants
notamment sénégalais, maliens, ivoiriens, guinéens, suscitant de vives critiques dans la
région.
-« expulsions inhumaines »

La Mauritanie, pays majoritairement désertique d’Afrique de l’Ouest, situé sur la côte
atlantique, sert de point de départ à de nombreux migrants venus de tout le continent pour
tenter de rejoindre l’Europe en prenant la mer.

Les expulsions de migrants sont des opérations de « routine » qui visent les personnes en
situation irrégulières selon les autorités mauritaniennes qui n’ont pas donné de chifres sur
l’ampleur de ces refoulements.

Parmi les migrants interrogés par l’AFP, aucun n’a afirmé vouloir prendre la mer.
Des ONG ont dénoncé des expulsions « inhumaines » et le gouvernement sénégalais s’est dit
« indigné » des traitements subis par ses ressortissants.

Les expulsions sont « faites dans le respect des conventions internationales », a justifié
mercredi devant la presse le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould
Mohamed Lemine.

Selon le gouvernement les migrants sont refoulés vers les postes frontières par lesquels ils
sont entrés dans le pays.

A quelques mètres du poste-frontière de Rosso, une trentaine de migrants, en majorité des
Guinéens dont des femmes et des enfants, squattent un étroit bâtiment délabré et jonché
d’ordures, chacun essayant de se constituer son petit espace.

« Pour avoir une place où dormir la nuit il faut vite s’installer », raconte Abibou. Pour le reste ?

« Ils vont dormir dans la rue », assure-t-il.
Les plus chanceux atterrissent dans les locaux de la Croix-Rouge où ils sont pris en charge.
Mais selon le président du comité local de l’organisation à Rosso, Mbaye Diop, l’afluence de
migrants ces derniers jours est telle qu’ils n’ont plus de place pour tous les accueillir.

« Ceux qui viennent ici arrivent généralement très fatigués. Ils ont faim et ont besoin de
prendre une douche, mais aussi d’une assistance psychologique pour certains », raconte M.
Diop.

En cet après-midi, certains migrants, allongés sur de vieilles nattes, essaient de s’assoupir,
malgré le bruit et le va-et-vient de leurs camarades de fortune. D’autres restent blottis dans leur coin, le regard perdu.

-au bord du fleuve Sénégal-
« On a faim. On n’a rien mangé depuis ce matin », se plaignent quelques-uns, tandis que
d’autres s’agitent, disant vouloir rentrer chez eux.

Au milieu de la cohue, Ramatoulaye Camara tente de bercer son enfant. Expulsée début mars, la jeune femme afirme avoir subi des violences des gardes mauritaniens, malgré sa
grossesse avancée.

Comme beaucoup de migrants, elle raconte avoir été frappée, emprisonnée et s’être fait
dépouiller de tous ses bagages. « On a beaucoup soufert », dit-elle, sous les pleurs de son
enfant.

Dans une combinaison de travail gris-jaune et des chaussures de sécurité, Idrissa Camara, 33 ans, travaillait à Nouakchott depuis 2018 comme menuisier. Le 16 mars, il a été interpellé et refoulé, alors qu’il était en plein travail. Depuis, il traine avec la même tenue, la seule
possession qui lui reste.

« Elle était tellement sale et puante ces derniers jours, j’ai été obligé d’aller la laver dans le
fleuve. J’ai dû rester à côté en caleçon le temps que ça sèche », dit-il.
Marié et père de deux enfants, Idrissa dit cacher son expulsion à sa famille pour ne pas les
« traumatiser ».

« Tout ce que je veux, c’est travailler et subvenir aux besoins de ma famille. Je n’ai fait de mal à personne », dit-il, assurant qu’il veut retourner à ses activités à Nouakchott.

Source: AFP

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