Kankan, 25 Mars (AGP)-Les tensions entre agriculteurs et éleveurs ne cessent de s’intensifier, entraînant des conflits dans plusieurs localités de la Haute-Guinée. Ce phénomène est particulièrement visible à Bissandou, où une récente altercation entre agriculteurs et éleveurs a causé des dégâts significatifs. Face à cette situation, le préfet a dépêché une délégation pour constater les faits. Malheureusement, cette mission a été entravée, entraînant l’interpellation de certains sages de la localité.
Quelques jours après ces événements, le lundi 24 mars 2025, une centaine de personnes originaires de Bissandou, district de la sous-préfecture de Tintioulen, se sont rassemblées devant le domicile du préfet Kandia Mara à Kankan. Revêtus de branches d’arbres et de boue sur le visage, ces agriculteurs ont exprimé deux revendications principales : le départ des « zeubus » (éleveurs) de leur territoire et la libération de leurs parents interpellés.
Après avoir pris le temps d’écouter les manifestants, le préfet Kandia Mara les a rassurés et a expliqué les raisons qui ont conduit à l’interpellation de ces citoyens.
« Vous savez, nous avons interdit la transhumance pour le moment, compte tenu de ce qui prévaut dans notre pays. C’est l’année agricole qui commence, donc la transhumance doit être stoppée. Malheureusement, il y a des troupeaux qui ont été observés quelque part dans la préfecture de Kérouané. Ce sont ces « zeubus » qui ont traversé pour venir dans la sous-préfecture de Tintioulen, où les populations d’un district se sont révoltées parce qu’elles ont entendu que la transhumance est interdite pour le moment. C’est pour cette raison que nous avons mobilisé les autorités locales pour qu’elles s’enquièrent des réalités sur place, car nous avons appris que des gens s’étaient rendus justice, qu’ils avaient décapité des bœufs et qu’ils en avaient emporté la viande. Nous ne pouvions pas rester indifférents, donc nous avons envoyé le sous-préfet et le président de la délégation spéciale sur place. Mais arrivés, ils ont trouvé un obstacle humain. Pour éviter un affrontement, les jeunes du village se sont opposés à ce que les autorités se rendent sur le lieu où le drame s’est produit. C’est ainsi que nous avons ordonné d’inviter non seulement le Sotikèmö, le président de la jeunesse et certains éléments capables de faire quelque chose, pour venir s’expliquer devant nous. Leur venue à Kankan a été mal perçue par la population de Bissandou, c’est pourquoi ils sont venus demander la libération de ces derniers, sans savoir que ces personnes n’avaient pas été emprisonnées mais plutôt convoquées pour recueillir des informations sur les faits. Mais malheureusement, un grand nombre de manifestants s’est dirigé vers Kankan. Même malade, je ne pouvais pas rester indifférent. Je les ai dissuadés en leur disant que seuls leurs propres bœufs, ceux qui peuvent être vendus, doivent rester dans leur village. Je leur ai aussi dit qu’ils n’avaient pas le droit de rendre justice eux-mêmes. »
Ces manifestants, composés de jeunes, de vieux et de femmes, ont été accueillis par le préfet Kandia Mara. Après plusieurs heures d’échanges, ils sont repartis satisfaits. Sekou Konaté, porte-parole des manifestants, a déclaré :
« Le préfet nous a rassurés et nous sommes très contents. Il nous a fait savoir que désormais, seuls nos propres bœufs peuvent être élevés dans notre village. Il nous a également promis la libération de nos parents qui ont été interpellés ».
Nansaran Condé, une autre manifestante, se réjouit également de la décision du préfet de Kankan :
« Nous sommes très heureux du préfet Kandja Mara pour cette décision noble. Nous retournons au village satisfait. »
Les personnes interpellées ont été mises à la disposition des citoyens de Bissandou, massivement mobilisés pour la circonstance.
AGP/25/03/025 MKK/CM/AND