Kankan, 05 Juin (AGP)-Au cœur du quartier Bordo SOS, un collectif de femmes et de jeunes filles s’emploie à transformer leur avenir à travers l’Établissement Damou, une initiative locale dédiée à l’autonomisation féminine par la transformation agroalimentaire, la saponification et la pâtisserie.
Lancé par Aïcha Camara, ce projet accueille chaque année des femmes issues de différentes régions du pays, avec ou sans niveau scolaire, venues se former et apprendre un métier. Faute de locaux adaptés, les activités se déroulent encore dans une cour familiale, mais la détermination du groupe n’en est pas moins forte.
Valorisation des produits locaux
L’Établissement Damou s’est spécialisé dans la transformation de produits locaux tels que le miel, le baobab, la mangue, le gingembre, la noix de coco ou encore l’arachide. Objectif : produire des jus, confitures, biscuits et autres denrées à forte valeur ajoutée.
« Nous transformons le baobab en biscuits, le fonio, le gingembre, le coco… et nous veillons strictement à l’hygiène : lavage des mains, port de masques et de gants », explique Aïcha Camara. « Nos produits peuvent se conserver jusqu’à deux ans. Aujourd’hui, notre groupement compte plus de 300 membres, sans compter les femmes des villages voisins qui nous approvisionnent en matières premières ou assurent la commercialisation. »
Une autonomie retrouvée
Cette initiative a permis à de nombreuses femmes de gagner en indépendance économique. « Grâce à ce travail, nous parvenons à subvenir à nos besoins sans dépendre de nos maris », témoigne Sanassa Kaba, membre du groupement. « Cela nous aide, nous, nos enfants, et même nos époux. Nous rêvons de faire connaître nos produits au-delà des frontières ».
Séduite par la démarche, Mariame Touré a quitté N’Zérékoré pour intégrer le projet. « Ce travail est très avantageux. Nos produits ne seront plus jetés à la poubelle. Depuis que j’ai découvert cet établissement, j’ai décidé de me rapprocher d’eux pour apprendre et devenir autonome. Il y a des initiatives similaires à N’zérékoré, mais c’est celle-ci qui m’a le plus impressionnée, surtout par son souci de propreté », a-t-elle souligné.
Un appel à l’appui des autorités
Consciente du potentiel de l’initiative, Aïcha Camara lance un appel aux autorités et aux partenaires : « Nous invitons les personnes de bonne volonté et l’État à nous soutenir afin que nous puissions progresser et que tout le monde en bénéficie. Nous avons la capacité de former de nombreuses filles. Les cultivateurs pourraient également être épargnés des pertes dues à la pourriture de leurs produits, et les femmes travaillant dans les zones minières pourraient trouver d’autres opportunités. Avec le soutien du gouvernement, nous pourrions aider encore plus de personnes », dit-elle.
Un modèle de développement communautaire
À travers l’Établissement Damou, c’est tout un modèle de développement local, durable et inclusif qui prend forme. Une dynamique qui redonne espoir à des centaines de femmes de la région de Kankan et pourrait, avec le soutien nécessaire, inspirer d’autres régions du pays.
AGP/05/06/025 MKK/MKC/AND