Kindia, le 07 juin (AGP)- Il est difficile de voir une femme conductrice d’engin lourd en Guinée. Faisant exception à la règle, Marie Achille Haba fait partie de ces rares femmes qui sortent de l’ordinaire, car elle excelle dans un métier exclusivement réservé aux hommes comme le pensent certains.
Marie Achille Haba conductrice d’engin lourd depuis 2011, force l’admiration. Elle évolue dans une entreprise de TP, elle a accepté d’accorder un entretien à notre correspondant basé à Kindia.
Dans cet entretien exclusif, elle nous parle de ses ambitions, ses difficultés et motivations…
AGP : Parlez-nous un peu de vous !
M.A H : On m’appelle Marie Achille Haba (M A H), je suis conductrice d’engin lourd. Je travaille pour une entreprise qui évolue dans les TP dont nous n’allons pas dire le nom pour ne pas faire de publicité. (RIRE)
Qu’est-ce qui vous a motivée à aller vers ce métier que beaucoup voient comme un travail destiné aux hommes exclusivement ?
M.A.H : Il faut dire que c’est un métier que j’ai beaucoup aimé depuis mon enfance, souvent quand les sociétés des TP venaient dans notre village pour travailler, très souvent, je séchais les cours juste pour venir regarder ces machines travailler. J’avais vraiment l’amour pour ces engins et je me disais un jour, il faut que je conduise une de ces machines. Mon amour pour ces engins était très fort. Et une fois en 7e année, j’ai décidé d’être conductrice d’engin lourd. Et c’est comme ça je suis devenue conductrice d’engin lourd depuis 2011, j’ai déjà plus de 11 ans d’expérience dans ce métier.
On peut dire que vous avez été confrontée à des difficultés pendant vos débuts, n’est-ce pas ?
M.A.H : j’ai connu beaucoup de difficultés, avec des préjugés, beaucoup pensent que ce sont seulement les hommes qui peuvent pratiquer ce métier. Je leur dis que ce n’est pas vrai, tout ce que les hommes peuvent faire, les femmes peuvent le faire aussi. C’est juste, qu’il faut aimer ce qu’on fait, l’amour avant tout. C’est un métier que j’ai beaucoup aimé et j’ai l’amour des engins lourds. Depuis 2011 à nos jours, j’ai conduit trois sortes de machine, à savoir : le compacteur, le chargeur et le coplein. Beaucoup de personnes me disent qu’avec ce que je fais, je peux voyager en Europe, mais moi, je leur dis que je préfère rester dans mon pays pour travailler. Un autre fait, beaucoup de sociétés refusent les femmes parce que c’est juste que nous sommes des femmes, il y a des lieux où on ne peut pas travailler. Ça, je dis non, si une femme a eu le courage d’apprendre un métier et qu’elle a la maitrise, il faut l’accepter. En Guinée, la grande difficulté aujourd’hui, c’est que certaines sociétés refusent les femmes.
Aujourd’hui, quel est votre plus grand rêve ?
M.A.H : Mon rêve, c’est d’être formatrice dans une école professionnelle. Vous savez, avec le temps, je ne pourrai pas continuer à conduire, avec l’âge, donc après, je veux être formatrice. Je veux que l’État construise des centres de formation. Et je veux aussi former beaucoup de femmes dans ce métier.
Un message particulier à l’endroit des femmes qui sont toujours réticentes ?
M.A.H : tout ce que je peux leur dire, c’est de ne pas avoir peur, qu’elles fassent comme moi. C’est un métier comme tout autre, il faut juste le courage. On dit souvent le premier mari d’une femme, c’est son métier, aujourd’hui mon mari, c’est la machine. J’ai même une fille avec moi, qui veut apprendre ce métier, j’ai dit qu’il n’y a pas de problème. C’est mon apprentie. J’encourage les femmes à embrasser ce métier.
AGP/07/06/23 TS/ABD