Conakry, 21 oct. (AGP)- Si autrefois on parlait de la route migratoire du Sahara avec son lot de morts et de trafic d’êtres humains, de nos jours un autre itinéraire est découvert par les candidats de l’Afrique de l’Ouest à l’émigration clandestine pour rallier les États-Unis via l’Amérique latine.
Le Nicaragua est un trajet qui fait parler de lui comme une nouvelle route de transit pour les migrants de l’Afrique de l’Ouest. Du Sénégal en Mauritanie en passant par la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Togo, le Benin, le Niger, le Burkina Faso etc. Des milliers de jeunes empruntent les périlleuses routes de l’Amérique latine pour atteindre les États-Unis.
Le migrant paye le billet d’avion entre 5 000 et 5 300 euros pour Nicaragua et prévoit son argent de poche consistant à travers une agence de voyage établie à Nicaragua qui rentre souvent en contacts avec les candidats africains sur les réseaux sociaux notamment Tik-tok. C’est à l’aéroport de Nicaragua qu’on lui donne le visa.
Visa obtenu, le migrant commence la découverte du long chemin, périlleux, parsemé de difficultés, qui mène au pays de l’oncle Sam avec des frais payés aux passeurs qui jalonnent le trajet. De Nicaragua, le migrant est conduit à Honduras, à Guatemala, Tapachula, Cochitan (ville mexicaine), Mexico, Las Conchas (frontière américaine d’Arizona puis il rentre aux États-Unis où il sera détenu pour quelques jours dans un camp. Dès sa sortie dans ce camp, débute pour lui alors le combat pour sa régularisation.
En tout, le voyage peut coûter un peu plus de 6 000 euros. En Guinée, des milliers de jeunes candidats pour ce voyage dangereux sont amassés dans la cour du Ministère de la Sécurité et de la protection civile (MSPC) à la recherche de passeports. Cette montée vertigineuse en flèche de demandes a provoquée récemment la rupture des carnets de passeports de 5 ans.
La Direction Centrale de la Police de l’Air et des Frontières (DCPAF) est envahie par les demandeurs. On observe bien d’un œil impuissant et très regrettable le pays se vider de ses bras valides et de ses mineurs à la recherche selon eux, de l’emploi et d’une vie meilleure.
Pour sa savoir les vraies causes de cette affluence des jeunes demandeurs de passeports, l’AGP a approché un jeune dans les rangs au siège du MSPC à Coléah. Dans l’anonymat, il dit que son ami est déjà aux États-Unis. » Mon ami n’a même pas fait un mois, il est arrivé aux États-Unis. Moi-même c’est l’affaire de passeport qui m’a retardé sinon je serais arrivé là-bas ». A la question de savoir comment il le fait, il répond simplement avec sourire et très détendu comme quelqu’un qui attendait de façon imminente le bonheur » Grand ça, c’est le secret de la « Mifa », un mot de la rue pour parler de quelque chose d’incompréhensible par tous.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) note une augmentation migratoire sans précédent en Amérique centrale et au Mexique.
De son côté, le Service national de la migration du Panama fait état d’un nombre record de migrants ayant traversé la dangereuse jungle du Darien depuis la Colombie cette année. En date du 23 septembre 2023, plus de 390 000 personnes ont bravé les dangers de cet itinéraire, affirme l’OIM dans un communiqué rendu public.
AGP/21/10/023 BOS/CM