Conakry, 01 août (AGP)- Depuis sa création le 28 mai 1975, la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) n’a jamais été aussi confrontée à un défi comme l’instabilité politique que connaît la sous-région actuellement, et qui risque d’écorcher sérieusement sa crédibilité.
Depuis 2020, quatre (4) Etats membres connaissent des transitions militaires : Le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le 26 juillet 2023, le Niger.
Face à cette situation, la réaction de l’organisation sous régionale ne s’est pas faite attendre, ces quatre (4) pays ont été suspendus de toutes les instances de la CEDEAO, suivi des sanctions extrêmes, une manière de dissuader d’autres États membres de remettre en cause l’ordre constitutionnel établi.
Pour le cas du Niger, jusque-là, allié des pays occidentaux, les réactions fusent de partout avec des tonalités parfois menaçantes.
Face à cette « énième gifle » qui risque d’entamer sérieusement sa crédibilité, la CEDEAO s’est réunie le 30 juillet 2023 à Abuja en session extraordinaire sur le cas nigérien.
Plusieurs Chefs d’État étaient présents à la rencontre dont le Président en exercice de la CEDEAO, le Nigérian Bola Tinubu, qui avait promis lors de sa prise de fonctions à la tête de l’organisation, de siffler la fin de la récréation avant de menacer les putschistes d’interventions militaires en cas de refus de retour à l’ordre constitutionnel.
Ainsi, au cours de cette réunion, la CEDEAO a décidé d’un blocus économique total, et donné une semaine aux putschistes de libérer le Président Bazoum, au risque de s’exposer à une intervention militaire des États membres.
48 heures après cette annonce, les quatre (4) pays en transition ont mis en garde la CEDEAO contre toute intervention militaire au Niger, qui risquerait selon eux, de causer d’énormes pertes en vie humaine et créer par ricochet une instabilité dans le Sahel.
Ensuite, le Mali, la Guinée et le Burkina, tous suspendus de la CEDEAO, se sont désolidarisés des sanctions de la CEDEAO, en rappelant que toute intervention militaire étrangère au Niger occasionnera la dislocation de l’organisation sous régionale.
Reste à savoir si la CEDEAO a les moyens pour mettre en exécution sa menace après l’expiration de l’ultimatum de 7 jours accordé à la junte au Niger.
Amadou Gakou Kéita