Visage grave, mâchoire serrée, regard perçant… C’est un Félix Tshisekedi visiblement éprouvé qui s’est adressé à la nation mercredi soir. Pour la première fois depuis la chute de Goma aux mains du M23 et des forces rwandaises, le président congolais est sorti de son silence.

Dans un ton martial, il a dénoncé l’inaction de la communauté internationale et promis une contre-offensive « vigoureuse et coordonnée » face à cette « agression barbare ».

Dans son allocution télévisée, le chef de l’État a dressé un tableau sombre de la situation sécuritaire dans l’Est du pays, évoquant une « aggravation sans précédent » dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri. Conscient du climat de tension qui s’intensifie, il a prévenu : « Ces violences nous conduisent tout droit vers une escalade régionale. »

Refusant de baisser les bras, Félix Tshisekedi a assuré que les Forces armées de la RDC (FARDC) sont à pied d’œuvre pour stopper l’avancée des rebelles. « Une riposte vigoureuse et coordonnée contre ces terroristes et leurs parrains est en cours », a-t-il martelé, laissant entendre que l’heure n’était plus aux négociations mais à l’action.

Le silence coupable de la communauté internationale

Si plusieurs puissances ont appelé au retrait des troupes rwandaises et à un cessez-le-feu, le président congolais estime que les condamnations verbales ne suffisent plus. Il a fustigé « l’inaction » et « le silence » de la communauté internationale, qu’il perçoit comme une trahison. « Votre mutisme face à cette agression est un affront à notre souveraineté », a-t-il lancé, visiblement excédé.

Une déclaration qui fait écho à la colère populaire grandissante en RDC, où de nombreux citoyens dénoncent le manque d’implication des puissances étrangères dans la résolution du conflit.

Kinshasa en ébullition : la rue gronde, des ambassades ciblées

Cette frustration s’est traduite par des manifestations d’une rare intensité mardi à Kinshasa. Des foules en colère ont pris pour cible plusieurs missions diplomatiques, notamment celles des États-Unis, du Kenya, de la France, de la Belgique et du Rwanda.

Des slogans hostiles aux puissances occidentales ont fusé, des pneus ont été incendiés, et l’ambassade kényane a même été vandalisée, contraignant des diplomates à quitter les lieux en urgence.

Face à ces débordements, Félix Tshisekedi a tenu à recadrer la situation, condamnant fermement ces actes de vandalisme : « Ces comportements irresponsables dénaturent l’expression légitime de notre colère et jettent une ombre sur les manifestations pacifiques. » Il a rappelé que la véritable lutte se joue sur le terrain militaire et diplomatique, appelant son peuple à la discipline et à l’unité.

Dans ce climat électrique, le président congolais a voulu insuffler un esprit de résilience et de cohésion nationale. « Ce moment critique est une opportunité de montrer au monde notre force : notre unité. Sans elle, nos efforts seraient vains », a-t-il insisté, exhortant les Congolais à ne pas céder à la haine et aux divisions.

Pendant ce temps, la sous-région s’active pour tenter de désamorcer la crise. Si l’Angola a réitéré son appel au retrait des troupes rwandaises, la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC), réunie en sommet extraordinaire à Nairobi, a exhorté Kinshasa à engager un dialogue avec « tous les acteurs ».

Félix Tshisekedi, lui, a choisi de ne pas faire le déplacement, laissant seul Paul Kagame représenter le Rwanda.Loin des appels à la négociation, le chef de l’État congolais semble désormais déterminé à reprendre l’initiative sur le terrain. La RDC est à un tournant, et l’heure de la riposte a sonné.

Source: Afrik Inform