Conakry, 29 Mai (AGP)- A quelques heures de la fin du débat d’orientation constitutionnelle, organisé par le conseil national de transition (CNT), en prélude à l’élaboration de la nouvelle constitution Guinéenne, Dr Abdourahamane Diallo, juriste et enseignant-chercheur à l’université de Sonfonia a accordé, le weekend dernier une interview à la rédaction de l’AGP.
A l’entame de ses propos, Dr Abdourahamane Diallo, a affirmé, que la réécriture d’une nouvelle constitution en Guinée est la conséquence de l’abrogation de celle qui était en vigueur. Selon le juriste, elle suppose le renversement ou la caducité de l’ordre constitutionnel existant et la nécessité de se doter d’un nouveau texte fondamental appelé à régir d’Etat.
« Depuis le 05 septembre 2021, la Guinée n’a plus de constitution. La Charte de la transition n’est qu’une constitution intérimaire ou transitoire en attendant la promulgation d’une nouvelle constitution définitive », a-t-il déclaré.
En ce qui concerne la légitimité du CNT pour l’élaboration de la nouvelle constitution, Dr Diallo estime que l’élaboration d’une nouvelle constitution nécessite l’intervention d’un organe appelé « Pouvoir Constituant Originaire ».
« La procédure et les modalités varient selon les pays, qu’on soit dans un procédé démocratique ou non. Dans le premier cas, il y a la technique de l’Assemblée constituante souveraine, la technique de l’Assemblée constituante non souveraine et la technique de plébiscite. C’est la technique de plébiscite qui est adaptée au cas guinéen : un organe ad-hoc, dont les membres sont nommés, élaborent un projet de constitution qui sera soumis à l’approbation du peuple par référendum », a-t-il souligné.
Toutefois, dit-il c’est ce qu’indique l’article 57 de la charte de la transition : Le Conseil National de la Transition a pour missions d’élaborer et soumettre pour adoption, par referendum le projet de constitution.
S’agissant du type de régime qu’il faut pour la Guinée, Dr Abdourahamane Diallo propose un régime semi-présidentiel équilibré ou modéré. Sans neutraliser le Président de la République.
« Nous avons besoin de tempérer l’ultra-puissance du Président de la République. Il faut éviter de donner la possibilité à ce dernier le droit de vie et de mort sur tout le monde selon son humeur du jour ou de faire et défaire toutes les institutions comme il veut. Il a besoin des barrières auxquelles il ne peut s’en débarrasser facilement. Cela passe par les garanties de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs avec un pouvoir législatif et un pouvoir judiciaire moins vulnérables », a mentionné l’enseignant-chercheur.
Pour rappel, ce débat suscite beaucoup d’intérêts dans les milieux universitaires et intellectuels.
AGP/29/05/023 AGK/FDF/AND