Le principal parti d’opposition tanzanien a déclaré jeudi qu’au moins deux de ses responsables avaient été arrêtés alors qu’ils se rendaient à un rassemblement de soutien au principal opposant au gouvernement, Tundu Lissu, qui doit comparaître devant le tribunal pour répondre d’une accusation de trahison.
Les autorités de ce pays d’Afrique de l’Est ont de plus en plus réprimé le parti d’opposition Chadema à l’approche des élections présidentielles et parlementaires d’octobre.
Accusé de trahison, Lissu risque la peine de mort. Son parti a été disqualifié des prochaines élections après avoir refusé de signer un code de conduite électoral.
Chadema accuse la présidente Samia Suluhu Hassan de revenir aux tactiques répressives de son prédécesseur, John Magufuli.
« Certains responsables de notre parti ont été arrêtés », a déclaré la porte-parole du Chadema, Brenda Rupia, confirmant à l’AFP que le vice-président John Heche et le secrétaire général John Mnyika figuraient parmi les personnes arrêtées par la police alors qu’elles se rendaient au tribunal de la capitale économique de Dar es Salaam.
Lissu, 57 ans, devait comparaître jeudi devant le tribunal de Kisutu, l’indignation grandissant dans le pays face à sa détention. Heche avait auparavant appelé à manifester, et Amnesty International a réclamé sa libération immédiate et inconditionnelle.
Lissu n’a pas été revu depuis une brève comparution devant le tribunal le 10 avril, lorsqu’il a été accusé de trahison, sans possibilité de libération sous caution, et de « publication de fausses informations ».
À l’époque, un Lissu provocateur avait déclaré à ses partisans : « L’affaire de trahison est un chemin vers la libération. »
Il a été arrêté à plusieurs reprises dans le passé, mais c’est la première fois qu’il fait face à une accusation aussi grave.
Lissu a mené une charge vigoureuse contre le gouvernement, promettant que son parti ne participerait pas aux élections sans réformes électorales significatives.
Le refus du Chadema de signer un « code de conduite » électoral a entraîné sa disqualification, mais le parti a déclaré que les règles étaient conçues pour « garantir que le parti au pouvoir reste au pouvoir » et que son interdiction était inconstitutionnelle.
– Optimisme nié –
Le parti du président, Chama Cha Mapinduzi (CCM), a remporté une victoire écrasante aux élections locales de l’année dernière, mais Chadema affirme que le vote n’était ni libre ni équitable puisque plusieurs de ses candidats ont été disqualifiés.
Chadema a exigé des réformes électorales, notamment une commission électorale plus indépendante et des règles plus claires pour garantir que les candidats ne soient pas retirés des bulletins de vote.
Lissu avait averti l’année dernière que Chadema « bloquerait les élections par la confrontation » à moins que le système ne soit amélioré.
Les revendications de l’opposition ont été longtemps ignorées par le parti au pouvoir.
Avocat de formation, Lissu est entré au Parlement en 2010 et s’est présenté à la présidence en 2020.
Il a été abattu de 16 balles lors d’une attaque en 2017 qui, selon lui, a été ordonnée par ses opposants politiques.
Après avoir perdu les élections de 2020 face à Magufuli, il a fui le pays mais est revenu en 2023 sur une vague d’optimisme alors que Hassan s’efforçait d’assouplir certaines des restrictions imposées par son prédécesseur à l’opposition et aux médias.
Ces espoirs se sont avérés de courte durée, les groupes de défense des droits de l’homme et les gouvernements occidentaux étant de plus en plus critiques à l’égard de la nouvelle répression, notamment les arrestations de politiciens du Chadema ainsi que les enlèvements et les meurtres de figures de l’opposition.
Dans une déclaration faisant suite à l’arrestation de Lissu, Amnesty International a condamné une « campagne de répression » menée par les autorités, critiquant les « tactiques brutales visant à faire taire les critiques ».
Source: AFP