Conakry, 21 juil (AGP)-Alors que les récentes évasions à la prison de Coyah et celle de Kankan continuent de faire les gros titres, il est temps de reconnaître que la crise qui touche le monde carcéral en Guinée atteint des proportions alarmantes. Les mouvements de protestation, les grèves du personnel pénitentiaire et les suppliques des détenus soulignent les problèmes persistants auxquels le système carcéral doit faire face. Le ministre de la justice, Alphonse Charles Wright, exprime du reste régulièrement ses préoccupations quant au fonctionnement défaillant des prisons dans le pays.
La situation actuelle nécessite un sursaut salvateur. Alors que des affaires judiciaires sont médiatisées, notamment celles de la CRIEF et du procès des événements tragiques du 28 septembre 2009, il est clair que les défis auxquels le système carcéral est confronté sont profonds.
La surpopulation carcérale, les conditions de détention précaires, le manque de ressources et de personnel qualifié, les problèmes de sécurité et d’hygiène, ainsi que les lacunes du système judiciaire sont autant de défis auxquels il faut faire face. Des réformes structurelles sont plus que nécessaires pour garantir le respect des droits de l’homme, améliorer les conditions de vie des détenus, favoriser leur réhabilitation et leur réinsertion sociale, et renforcer la formation et la supervision du personnel pénitentiaire.
La période de transition politique en cours offre une opportunité de mener à bien – ou au moins entamer – un travail d’envergure dans ce domaine. Au-delà des discours politiques et des intentions affichées, il est crucial d’investir massivement dans de nouvelles infrastructures, afin de faire face à la surpopulation carcérale croissante.
En parallèle, il est essentiel de rénover et de réhabiliter les prisons existantes pour garantir des conditions de détention sûres et humaines. Cela implique de réparer les infrastructures défectueuses, d’améliorer les services d’hygiène et de fournir des installations médicales adéquates.
Pour réduire les cas d’évasion, il est impératif de renforcer les mesures de sécurité en installant des systèmes de surveillance, des détecteurs de métaux et des dispositifs de contrôle d’accès. De plus, il est essentiel de fournir une formation adéquate au personnel pénitentiaire sur la sécurité, la gestion des détenus et les droits de l’homme, afin d’améliorer leur supervision et de réduire les risques d’évasion.
La promotion d’alternatives à l’incarcération pour les délits mineurs, telles que les peines de substitution, les travaux d’intérêt général ou les programmes de réhabilitation communautaire devrait être envisagée. Le bracelet électronique, peut également jouer un rôle crucial dans la réduction de la surpopulation carcérale. En permettant aux délinquants condamnés à des peines non privatives de liberté de rester dans la société tout en étant surveillés, cela favorise leur réinsertion sociale et réduit les risques de récidive.
Le Sénégal voisin a inauguré en 2022 son centre de surveillance électronique marquant l’effectivité de l’usage de cette technologie qui, il faut le reconnaître, nécessite certains préalables (infrastructures, technologie, contraintes financières…).
Enfin, pour garantir des procédures judiciaires équitables et réduire la détention préventive prolongée, il est impératif de renforcer le système judiciaire. Cela nécessite des investissements dans la formation des juges, l’accélération des procédures judiciaires et l’amélioration de l’accès à la justice pour tous les citoyens.
Les dysfonctionnements du système carcéral en Guinée ne peuvent plus être ignorés. Il est temps d’agir avec détermination et mettre en œuvre des réformes structurelles pour remédier à cette situation alarmante. Les ressources financières adéquates, une volonté politique ferme et une coopération internationale sont indispensables pour poser les bases d’un système carcéral respectueux des droits de l’homme, efficace et sûr. La sécurité nationale en dépend, au moins en partie.
Rédaction